L'Europe
moderne - Bloc 5 - Cours 3 - La
culture des Lumières
Les
précurseurs des Lumières
Godfrey
Kneller, Portrait
de John Locke - 1697
Toile conservée au Musée de l'Ermitage,
St-Pétersbourg
Source : Web Gallery of Art
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La période philosophico-culturelle que l'on
désigne sous le vocable des "Lumières" couvre la
majeure partie du 18e siècle, mais elle tire ses origines du
siècle précédent. Les savants de la
Révolution scientifique ont, en effet, contribué
à organiser et à libérer la
pensée européenne. Illustre précurseur
des Lumières, le philosophe et homme d'État
anglais John Locke (1632-1704), a appliqué la
méthode scientifique à l'étude de la
société.
Page
titre de Essai
sur
l'entendement humain
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C'est après la Glorieuse Révolution en Angleterre
que John Locke rendit public le produit de ses réflexions
philosophiques.
En 1690, il publia coup sur coup deux traités importants qui
marquèrent la philosophie politique et approfondirent la
connaissance de l'esprit humain.
L'"Essai sur l'entendement humain", dont l'édition
anglaise figure ci-contre, fut traduit en français en 1700.
Il eut une influence majeure sur la pensée des
Lumières en France. Son autre livre, "Essai sur le
gouvernement civil" ou "Deux traités sur le gouvernement
civil" eut également un impact important, comme on peut le
constater par le nombre de références faites par les
philosophes du XVIIIe siècle à son oeuvre.
Les Lumières
Il est plus juste de parler DES philosophies des Lumières
que de LA philosophie des Lumières. En effet, cette
"illumination de l'esprit" qui se répand en Europe tout au
long du 18e siècle connut plusieurs expressions.
Les Lumières françaises furent
caractérisées par les oeuvres d'un groupe de
philosophes (Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot et d'autres) dont
les théories sociales, politiques et religieuses furent
débattues partout en Europe. Les Lumières ne se
limitent toutefois pas à l'espace français. On
évoque ainsi les Lumières écossaises,
allemandes, italiennes. Les philosophes européens voyagent, se
rencontrent dans des salons philosophiques ou dans des
académies, s'échangent de la correspondance et lisent
leurs diverses publications. Ils n'ont toutefois pas le monopole des
idées, car ils sont activement combattus par des antiphilosophes
qui leur reprochent, en autres, leurs propos sur la religion ou alors
tout simplement leur style littéraire.
Adolph
Von Menzel, La
table ronde - 1850
Toile conservée à l'Académie de Berlin
Source : Wikimedia Commons
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La culture des Lumières a aussi touché les
souverains européens, même si le système politique
qu'ils représentaient était l'objet de critiques.
Certains monarques ont
tenté d'appliquer les préceptes des
philosophes à leur propre contexte politique. Un pouvoir
central fort et des idées de réformes sociales se
sont ainsi combinés au sein des régimes de ceux
que l'on appelait les despotes éclairés. Ce fut
notamment le cas de Frédéric II de Prusse, qui
fit de Berlin l'un des grands centres des Lumières
européennes. Il convia des philosophes à la cour
prussienne et entretint de longues correspondances philosophiques.
La diffusion des
Lumières
Anicet-Charles-Gabriel
Lemonnier, Le
salon de Madame Geoffrin en 1755
- 1812
Toile conservée au Château de Malmaison,
Rueil-Malmaison, France
Source : Web Gallery of Art
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Les salons, tenus le plus souvent par des femmes ou par des couples,
étaient
des espaces privés où se réunissaient
chaque semaine la bonne société
littéraire et philosophique pour discuter des
idées à la mode. Le salon de Mme Geoffrin,
représenté ici, était l'un des plus
courrus à Paris. La mode de la conversation
savante a contribué à diffuser les
idées des Lumières. Les étrangers de
passage pouvaient trouver là les plus récentes
productions littéraires, philosophiques ou scientifiques.
Jean
Huber, Un
dîner de
philosophes - 1772-3
Toile conservée à la Voltaire Foundation, Oxford
Source : Web Gallery of Art
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Les philosophes, ici attablés, ont bien entendu
diffusé leurs oeuvres par l'entremise de l'imprimerie. L'une
des oeuvres phares de la période est intitulée
"Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des
sciences, des arts et des métiers". Publiée de
1751 à 1772, cette encyclopédie se voulait une
synthèse des connaissances, mais elle comprenait aussi des
articles à caractère subversif qui portaient
l'empreinte de la pensée critique des Lumières.
Littérature
pré-romantique
Page
de la Nouvelle Héloïse
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En réaction au caractère parfois contraignant du
classicisme du 17e siècle, se développa dans
l'Europe des
Lumières un style littéraire qui laissait libre
cours aux
émotions, le pré-romantisme. Le philosophe
Jean-Jacques
Rousseau a ainsi publié en 1761 "Julie ou La nouvelle
Héloïse", un roman qui tisse un drame
autour d'un
amour platonique. Le roman eut beaucoup de succès.
L'autre grand roman français pré-romantique de la
fin du
siècle est
"Paul et Virginie", de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre,
publié en 1787. Roman d'amour dont l'action se
déroule dans les îles françaises, il a
fait
rêvé et pleuré des milliers de
Français.
Page
couverture de Les
Souffrances du jeune Werther
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Ce flot d'émotions a atteint aussi le reste de l'Europe.
L'illustre poète allemand Goethe (1749-1832)
écrivit en
1774 "Les souffrance du jeune Werther" qui raconte les amours
contrariées du jeune homme avec une jeune femme qui
épouse un meilleur parti. La bataille de la raison et des
sentiments est rude et Werther connaît une fin tragique.
Oeuvre
importante de la langue allemande, ce roman fut traduit en de multiples
langues et fut lu partout en Europe.
Il est primordial de réaliser que le siècle de la
philosophie et de la raison est aussi celui de l'émotion et
des
sentiments. Cette dualité est au coeur des
comportements
des Européens.
Art du XVIIIe
siècle
Jean-Baptiste
Greuze, Jeune
fille pleurant son serin mort
- détail, 1759
Toile conservée au Musée du Louvre, Paris
Source : Web Gallery of Art
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L'émotion ne se voyait pas seulement en
littérature, mais aussi en peinture. Le sentimentalisme
imprègne le travail de certains peintres, dont Jean-Baptiste
Greuze (1725-1805) qui représente ici le chagrin d'une jeune
fille de bonne famille à la vue de son oiseau mort.
Jean-Antoine
Watteau, Pierrot
- 1718-19
Toile conservée au Musée du Louvre, Paris
Source : Web Gallery of Art
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Le style rococo, aussi appelé style rocaille, a aussi
marqué le 18e siècle en France. Parmi les plus
célèbres peintres de ce courant, nous retrouvons
Jean-Antoine Watteau (1684-1721) qui aimait peindre des
scènes galantes et des personnages de la commedia del'arte,
issus du théâtre italien.
Le style rococo accordait une large place à la couleur et
à la lumière. Les thèmes
étaient souvent légers, amusants. Il s'agit d'un
retour à l'esprit du style baroque du siècle
précédent, en réaction au style
classique qui dominait le domaine de l'art en France.
François
Boucher, Portrait
de la marquise de Pompadour -
1756
Toile conservée au Alte Pinakothek, Munich
Source : Web Gallery of Art
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Maîtresse du roi Louis XV et protectrice des arts, Jeanne
Antoinette Poisson, marquise de Pompadour (1721-1764) fait ici l'objet
d'un très beau portrait exécuté par
François Boucher (1703-1770). À
l'époque où fut peint ce tableau, elle
n'était déjà plus la
maîtresse du roi, mais les deux complices
demeurèrent amis jusqu'à la mort de la marquise
en 1764.
Jean-Honoré
Fragonard, La
lettre d'amour - 1770
Toile conservée au Metropolitan Museum of Art, New York
Source : Web Gallery of Art
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À ce duos de peintres français ayant
marqué le 18e siècle, on peut ajouter
Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) dont la
carrière traverse tous les événements
du siècle. Représentant souvent les
élites de la société
française dans leurs moments d'intimité,
Fragonard aimait ajouter à ses toiles un soupçon
de sensualité et de jeux.
Joshua
Reynolds, Lady
Elizabeth Delmé and her Children
- 1777-80
Toile conservée à la
National Gallery of Art, Washington
Source : Web Gallery of Art
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La dualité de l'époque des Lumières ne
serait pas complète sans un aperçu du style
néo-classique. Tout en rejetant certaines composantes du
style classique français, les artistes
néoclassiques étaient en réaction
contre les excès du pré-romantisme et du rococo.
Ainsi, la sobriété de la composition et des
couleurs domine ce courant, qui n'avait toutefois pas les contraintes
associées au classicisme français.
En Angleterre, c'est l'âge d'or du portrait. Joshua Reynolds
(1723-1792) fut sans doute le plus grand portraitiste de son
époque, ainsi que le plus prolifique (environ 2000
tableaux). Grâce à lui, les visages des
élites anglaises de la période nous sont connus.
Thomas
Gainsborough, River
Landscape - 1768-70
Toile conservée au Museum of Art, Philadelphie
Source : Web Gallery of Art
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L'art du paysage est l'autre visage de
la peinture néo-classique anglaise. Maître du
genre, Thomas Gainsborough (1727-1788) a
émerveillé les Européens avec ses
scènes montrant une nature paisible.
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Dernière
mise à jour : 5 septembre 2022
Création
et mise en page par : Danny
Bertrand
Textes par : Sylvie Perrier
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