L'Europe moderne - Bloc 1 - Cours 1 - Régime
démographique
Les registres paroissiaux
Registre
paroissial de Sainghin en Melantois (1687)
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document de plus près.
Les registres paroissiaux constituent une source fondamentale pour
connaître la structure de la population dans
l'Europe catholique. Les curés de paroisse enregistraient les
baptêmes, les mariages et les enterrements
(sépultures) de leurs fidèles. Des registres ont aussi
été tenus dans les communautés protestantes, bien
que la mise en place du système ait parfois
entraîné des lacunes de plusieurs années.
Grâce aux techniques développées par les historiens
démographes, il est possible
de dénombrer les naissances, les mariages et les
décès dans une paroisse donnée. On peut
également suivre le développement de la cellule familiale
en reconstituant les principaux événements
démographiques dans chaque famille.
Mais il faut d'abord pouvoir lire ces sources manuscrites et les
soumettre à une critique serrée! En effet, les
autorités religieuses et politiques ont imposé certaines
normes, plus ou moins respectées selon les régions et les
époques. Les registres paroissiaux contiennent parfois aussi
d'autres informations, comme des annotations par le curé au
sujet des événements locaux, de la température,
des récoltes et autres. De nombreux registres paroissiaux sont
désormais disponibles en ligne.
Les
recensements
Premier
recensement ordonné
par Gregory King (1648-1712).
Source
: Archives nationales du Royaume-Uni
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Un autre type de sources peut nous aider à mieux connaître
les populations d'Europe moderne : les recensements. L'exemple
ci-contre est un recensement anglais. Contrairement aux registres
paroissiaux qui enregistrent en continu les événements
démographiques, les recensements sont des portraits
instantannés de la population à un moment donné.
Ces documents donnent
des informations utiles sur le mode de cohabitation des individus.
L'exploitation systématique des registres paroissiaux et des
recensements à partir des années 1960 a donné aux
historiens une façon de connaître la vie des plus humbles
Européens, ceux qui ne savaient ni lire ni écrire et
n'ont laissé que peu
de traces de leur passage.
La démographie
La démographie est la science des populations. La
démographie historique étudie les populations du
passé. Pour la période
moderne, les historiens démographes ont produit des statistiques
très éclairantes sur la structure des populations
européennes. Les données ne sont toutefois pas
homogènes pour toute la période et
tous les endroits, le début de la période moderne
étant
particulièrement mal couvert.
Les notions qui sont à la base du travail des historiens
démographes sont la natalité (et la
fécondité), la nuptialité et la mortalité.
En combinant les statistiques pour chacune de ces notions, ce sont les
dynamiques familiales qu'il est possible
de découvrir. Ces notions tracent les contours d'un
"régime démographique" caractéristique à
une époque et à une région.
À quel âge les gens se mariaient-ils ? Combien d'enfants
avaient-ils ? Quelle était l'espérance de vie ? Ces
statistiques, sèches et techniques à première vue,
sont en fait remplies de vie, la vie de millions d'Européens!
Les
crises démographiques
Gravure
représentant un malade de la peste.
Le régime démographique des Européens était
parfois bouleversé par une crise démographique. Une crise
démographique
est d'abord et avant tout une crise de mortalité. Quand la
mortalité augmentait de façon notable dans une
période de quelques mois, il s'agissait d'une crise. Les crises
de mortalité étaient causées par des
épidémies, par des famines et par les conséquences
des guerres. Les causes étaient la plupart du temps
combinées, les famines entraînant par exemple une
faiblesse immunitaire qui menait à l'épidémie. La
propagation de la peste est le type d'épidémie qui
effrayait le plus les Européens, mais d'autres maladies
frappaient également les populations.
Habillement des
médecins soignant les victimes de la peste.
La médecine de l'époque moderne n'avait que peu de moyens
pour combattre les épidémies de peste. Les
médecins portaient des costumes protégeant leur peau et
des masques imprégnés de parfum, car on croyait alors que
la maladie se propageait dans l'air.
Avis
public
de Marseille relativement
à l'épidémie de peste de 1720.
Le meilleur moyen pour se défendre de la peste était de
quitter l'endroit où la maladie éclatait. Au fil des
siècles, les autorités ont développé des
techniques pour éviter la propagation de la peste. Il s'agissait
essentiellement de mettre en quarantaine les zones affectées et
de limiter les déplacements hors du périmètre. La
dernière grande peste en Europe de l'Ouest aurait eu lieu
à Marseille, dans le sud de la France, en 1720.
Le document ci-contre montre que les autorités municipales
organisaient les secours et appelaient à la collaboration de la
population.
Bill
of Mortality à Londres pour l'année 1665.
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sur l'image pour les détails.
Les États modernes, soucieux de mieux connaître et
contrôler leurs populations, ont organisé la tenue de
registres de toutes sortes pour enregistrer les
événements démographiques. Outre les recensements
vus plus haut, la ville de Londres tenait aussi des registres de
mortalité sur une base annuelle. Ces "bills of mortality" ont
été fort utiles aux historiens pour apprendre l'ampleur
des dégâts lors de crises démographiques ou de
catastrophes naturelles.
Les familles
Les
frères Le Nain, La famille
heureuse ou Le retour du
baptême - 1642.
Toile conservée au Musée du Louvre, Paris
Source : Web Gallery of Art
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Cette peinture représente une famille de paysans aisés,
ceux-ci étant idéalisés par le peintre, au
sein de leur demeure. La vie
familiale dans les différentes catégories sociales nous
est connue grâce à des récits, des lettres, des
écrits des curés de paroisse et d'autres documents
descriptifs comme des archives judiciaires. Il est toutefois plus
difficile de connaître la vie
des humbles que d'obtenir de l'information sur les familles de
l'élite.
Jan
Steen, La
veille de
Saint-Nicolas
- 1665-68
Toile conservée au Rijksmuseum,
Amsterdam
Source : Web Gallery of Art
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Jan Steen a représenté ce qui est sans doute une demeure
bourgeoise hollandaise, en milieu citadin. Il s'agit d'une occasion
exceptionnelle, la veille de Noël, et non pas une scène de
la vie quotidienne. Elle nous montre l'étendue de la famille et
les générations qui s'entremêlent. On y remarque
également les meubles et objets usuels pour ce genre de demeure.
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Dernière mise à jour : 5 septembre
2022
Création et mise en page par : Danny
Bertrand
Textes par : Sylvie Perrier
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