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L'Europe moderne - Bloc 4 - Cours 4 - Religion populaire, christianisation et chasse aux sorcières


Nicolas Poussin, Bacchanale devant une statue de Pan - 1631-33
Toile conservée à la National Gallery, Londres
Source : Web Gallery of Art
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La valorisation de la culture antique à la Renaissance a ramené à l'avant-scène les pratiques religieuses de l'ère pré-chrétienne. Les dieux grecs et romains furent ainsi représentés dans de multiples scènes peintes, comme celle-ci. Par leur éducation, les élites européennes étaient familières avec les récits antiques mettant aux prises les divinités et les humains. Cette culture païenne faisait donc partie du paysage culturel et de l'univers spirituel des Européens de l'époque moderne, sans nécessairement remettre en question leurs convictions chrétiennes.









Gentile Bellini, Procession à la place Saint-Marc - 1496
Toile conservée à la Gallerie dell'Accademia, Venise
Source : Web Gallery of Art
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Les religions chrétiennes de l'Europe moderne, catholique et protestantes, occupaient une place prépondérante dans la vie quotidienne des populations. Le temps des Européens était divisé au gré des pratiques religieuses, comme la messe dominicale et la prière, et scandé par le son des cloches d'église. Le calendrier était aussi marqué par des fêtes et diverses cérémonies qui, comme cette procession, marquait les temps forts de l'année chrétienne.




Terre-mère et pratiques magiques

Le christianisme n'avait toutefois pas toutes les réponses aux attentes de la population. Le besoin de contrôler un environnement parfois hostile et de comprendre un univers complexe poussaient les Européens à conserver des croyances relevant du paganisme et des pratiques magiques. Il ne s'agissait pas de choisir entre christianisme et paganisme, mais bien de combiner des pratiques. Le christianisme apportait la promesse d'un salut de l'âme après la mort et un séjour heureux au paradis pour l'éternité. Les rituels païens, eux, offraient une efficacité immédiate pour gérer des situations à court terme.

La Terre-Mère était au centre des croyances populaires et les rituels faisaient souvent intervenir les quatre éléments de base : eau, terre, air et feu. Dans leur volonté de comprendre et de contrôler la nature, les Européens utilisaient les forces mêmes de la nature, en jouant soit sur le semblable, soit sur le contraire pour influencer une situation. Par exemple, une femme désirant tomber enceinte pouvait aller entourer de ses bras un grand arbre, saisissant ainsi la puissance de la Terre-Mère, source de vie.

Les deux systèmes, christianisme et pratiques païennes, n'étaient pas mutuellement exclusifs. Ainsi, les Européens attribuaient régulièrement des pouvoirs magiques à des éléments du culte chrétien : statues de saints, reliques, objets de cérémonie. De même, ce n'est pas un hasard que certains des temps forts du calendrier chrétien coïncident avec un solstice ou un équinoxe.  Les institutions chrétiennes ont d'ailleurs tiré partie de cette situation pour tenter de christianiser certaines pratiques et ainsi faire reculer le paganisme.


La chasse aux sorcières

Albrech Dürer, Les quatre sorcières - 1497
Toile conservée au Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg
Source : Web Gallery of Art
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Les pratiques magiques faisaient partie de l'univers spirituel des Européens de l'époque moderne. Le terme "sorcière" recouvrait plusieurs réalités : la guérisseuse qui connaissait le pouvoir des herbes et composait des médicaments pour les humains et pour les animaux ; la jeteuse de sorts qui avait un pouvoir sur la vie et la mort ; la femme que l'on accusait de faire partie d'une secte diabolique.

Les réformes religieuses du 16e siècle ont fait apparaître les lacunes dans la culture chrétienne des populations européennes. Certes, l'Église a constamment pourchassé les hérésies au Moyen-Âge, mais la situation est un peu différente après les réformes religieuses, car le désir de reprendre en main la vie spirituelle des populations a justifié le recours à des mesures d'une ampleur  exceptionnelle. La période de la chasse aux sorcières s'étend du milieu du 16e siècle au milieu du 17e siècle environ, avec des différences régionales. En effet, la chasse aux sorcières fut plus tardive en Espagne, les tribunaux de l'Inquisition espagnole étant plutôt occupés à pourchasser les populations juives et mulsulmanes aux XVIe et XVIIe siècles, ainsi que les faux chrétiens. La chasse aux sorcières en Espagne s'est donc prolongé au XVIIIe siècle.












Hans Baldung Grien, Le sabbat des sorcières - 1510
Toile conservée au Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg
Source : Web Gallery of Art
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Les manuels de démonologie de la période moderne, composés par des clercs, décrivent en détails l'expérience diabolique des sorcières. Les inquisiteurs et les juges laïques tentaient de faire avouer ces expériences aux femmes (et aux hommes en moins grands nombres) accusées de sorcellerie, en utilisant la torture au besoin. Les récits évoquaient la participation au sabbat (voir ci-contre) où les sorcières dansaient, copulaient avec le Diable et faisaient des sacrifices d'enfants. 

La similitude entre les aveux des sorcières laisse penser que les récits leur étaient suggérés lors des interrogatoires. Il est aussi possible que ces histoires aient circulé par voie orale, dans la période de la chasse aux sorcières, à l'occasion notamment des exécutions. Sorte de fantasme clérical et collectif, le récit des pratiques maléfiques a laissé aussi beaucoup de représentations iconographiques.















Goya, Sorcières dans les airs - 1797-98
Toile conservée au Museo del Prado, Madrid
Source : Web Gallery of Art
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L'habileté à poser des actions impossibles naturellement était l'un des aspects les plus fréquents des récits de sorcellerie.  Le corps n'était plus soumis à la gravité et les sorcières volaient, notamment pour se rendre au sabbat, ou flottaient dans les airs. Le corps des sorcières portaient aussi la marque du Diable, point insensible et qui ne pouvait saigner, autre phénomène surnaturel.

Cette peinture du célèbre peintre Goya, datée de la toute fin du XVIIIe siècle, rend bien compte du décalage temporel de la chasse aux sorcières dans la péninsule ibérique.



















Johann Jakob Wick, Trois sorcières au bûcher à Baden - 1585
Source : Wikimedia Commons
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Les procès de sorcellerie condamnaient environ la moitié des accusés. La peine infligée était généralement  le bûcher, avant-goût de l'Enfer et procédé de purification.  Si l'accusé passait aux aveux pendant les procédures, les juges demandaient alors aux exécuteurs d'étrangler la (ou le) coupable avant de jeter son corps au feu.













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Dernière mise à jour : 5 septembre 2022
Création et mise en page par : Danny Bertrand
Textes par : Sylvie Perrier