Retour à l'accueil    --    Retour au Bloc 3 - Politiques    --    Cours 1    Cours 2    Cours 3    Cours 4    Cours 5   
stroke_2.png

L'Europe moderne - Bloc 3 - Cours 3 - La crise du XVIIe siècle



Carte Europe 1648Carte de l'Europe en 1648, après le traité de Westphalie
Source : UTL : The Historical Atlas by William R. Shepherd, 1923.
Cliquez sur l'image pour les détails.

Marqué par la guerre de Trente ans (1618-1648), le 17e siècle est également un siècle où les conflits intérieurs ont agité certaines des grandes monarchies de l'Europe de l'Ouest. Bien que les causes des conflits soient à chercher à l'échelle locale, dans les pays concernés, leur coïncidence nous interpelle. Les troubles en Angleterre et en France entraînèrent une réflexion en profondeur sur les systèmes politiques en Europe, puisque ces deux monarchies étaient des modèles pour les plus petits États.










La Fronde (1648-1653)


Anne d'AutrichePierre Paul Rubens, Portrait de Anne d'Autriche - 1621-25
Toile conservée au Musée du Louvre, Paris
Source : Web Gallery of Art
Cliquez sur l'image pour les détails.

À la mort de son époux Louis XIII en 1643, Anne d'Autriche (1601-1666) devint la régente du royaume de France et gouverna le pays au nom de son fils, Louis XIV, encore trop jeune pour assumer seul le pouvoir. Elle dut faire face à la rébellion de deux groupes politiques importants, soit celle des magistrats du Parlement de Paris et celle des princes du sang, qui unirent leurs intérêts pendant un moment pour lancer un défi à la monarchie française, engagée sur la voie de l'absolutisme. Cette période de troubles est communément appelée la Fronde. Cet épisode a profondément marqué le début du règne de Louis XIV.
















Cardinal MazarinRobert Nanteuil, Le cardinal Mazarin dans son palais - 1659
Gravure provenant de la Bibliothèque nationale, Paris
Source : Web Gallery of Art
Cliquez sur l'image pour les détails.

Le cardinal Jules Mazarin (1602-1661) fut l'un des personnages majeurs de la Fronde. Principal conseiller de la reine Anne d'Autriche, il attira sur lui la haine des parlementaires et des princes du sang. Il en est toutefois ressorti vainqueur et devint le premier ministre de Louis XIV après le conflit, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort en 1661.

Des écrits contestataires, les mazarinades, furent publiés et distribués à Paris en grande quantité pendant la Fronde. Le ton ouvertement railleur de ces pamphlets et leur forme souvent facile à mémoriser en firent de redoutables outils de communication politique.

Cliquez pour consulter des exemples de mazarinades.





CondéDavid Teniers, Portrait du Grand Condé - 1653
Toile conservée au musée Condé à Chantilly
Source : Wikipedia Commons
Cliquez sur l'image pour les détails.

Faisant partie de la famille royale, Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand Condé (1621-1686), joua un rôle important durant la Fronde. Jeune héros de la guerre de Trente ans, il fut d'abord fidèle au roi Louis XIV. Insatisfait de la tournure des événements, il changea de camp et devint le chef de la Fronde des princes contre le cardinal Mazarin. Sa rébellion dura au-delà de la Fronde puisqu'il se mit au service des armées espagnoles aux Pays-Bas et combattit les armées françaises. Il obtint le pardon royal en 1559 et redevint un des grands commandants des armées françaises.









La guerre civile anglaise et la Glorieuse Révolution


Charles IAntoine Van Dyck, Charles I, roi d'Angleterre, à la chasse - 1635
Toile conservée au Musée du Louvre, Paris
Source : Web Gallery of Art
Cliquez sur l'image pour les détails.

Charles 1er d'Angleterre (1600-1649) accéda au trône en 1625. Son règne fut marqué par un très dur affrontement entre la monarchie anglaise et le Parlement d'Angleterre. Le Parlement désirait préserver ses pouvoirs traditionnels face au roi et présenta à Charles 1er, en 1628, la "Pétition des droits", lui rappelant les libertés traditionnelles anglaises qui conféraient au Parlement le vote des impôts et garantissaient les libertés individuelles des sujets de la couronne. Le roi réagit alors en congédiant le Parlement et en régnant de manière autonome pendant onze ans. L'opposition ne fit qu'augmenter et le tout résulta en une guerre civile ouverte à partir de 1642. Les armées rebelles l'emportèrent et le roi Charles 1er fut exécuté en 1649.
















Olivier CromwellSamuel Cooper, Portrait d'Olivier Cromwell - autour de 1650-1657
Source : Wikipedia commons
Cliquez sur l'image pour les détails.

Ce portrait inachevé montre Olivier Cromwell (1599-1658) dans les dernières années de sa vie. Militaire commandant les armées rebelles lors de la guerre civile anglaise, Cromwell gouverne d'abord avec le Parlement puis chasse celui-ci en 1653 et prend le titre de Lord Protecteur. Il instaure alors une dictature militaire et exerce un pouvoir personnel sur l'Angleterre. À sa mort en 1658, Cromwell désigne son fils comme successeur mais ce dernier ne peut poursuivre l'action entamée par son père et il cède rapidement le pouvoir. La monarchie anglaise fut restaurée en 1660 avec l'avènement de Charles II.


















Charles 2Peter Lely, Charles II d'Angleterre dans l'habit de l'Ordre de la Jarretière - 1675
Source : Wikipedia commons
Cliquez sur l'image pour les détails.

Contrairement au règne de son prédécesseur, le règne de Charles II (1630-1685) fut marqué par un renforcement de la monarchie anglaise. Ayant longuement séjourné à la cour de Louis XIV, Charles II va demeurer proche de l'idéal absolutiste du gouvernement monarchique français tout au long de son règne. Habile et bien conseillé, il va d'abord restaurer l'ordre en procédant à une répression ciblée et en remettant en place les institutions politiques et religieuses mises de côté par Cromwell. Les tensions subsistent cependant, notamment entre catholiques et protestants, mais Charles II tient bon et maintient habilement l'équilibre entre les diverses factions politiques présentes au gouvernement.






















Jacques 1Godfrey Kneller, Jacques II d'Angleterre - 1684
Source : Wikipedia commons
Cliquez sur l'image pour les détails.

Le successeur de Charles II, Jacques II (1633-1701), n'eût pas l'habilité politique de son frère et cacha bien mal ses sympathies catholiques. Les liens entre la religion et l'État étaient fondamentaux en Angleterre, comme ailleurs en Europe, et la conversion de la famille royale au catholicisme apparaissait comme une menace politique. La crise s'accentua lorsque Jacques II eut un fils avec son épouse, la très catholique Marie de Modène, et le fit baptiser catholique en 1688. Cela déclencha l'opposition ouverte d'une partie de l'aristocratie protestante qui se rebella une nouvelle fois contre son roi. Il n'était toutefois pas question de changer le régime, comme ce fut le cas durant la guerre civile de la première moitié du siècle, mais plutôt de changer le souverain en garantissant pour l'avenir les bases constitutionnelles de l'Angleterre.












Guillaume d'OrangeJan Wyck, Guillaume III landing at Brixham, Torbay - 1688
Toile conservée au National Maritime Museum, Londres
Source : Web Gallery of Art
Cliquez sur l'image pour les détails.

Guillaume III d'Orange (1650-1702) était la solution évidente pour l'aristocratie anglaise protestante. Fils de Marie I Stuart, soeur protestante de Jacques II, il se maria en 1677 avec sa cousine, Marie II Stuart, fille de Jacques II. Cette dernière partit vivre aux Provinces-Unies où Guillaume était alors stathouder. En excluant du trône tout monarque catholique, les protestants anglais respectèrent un ordre successoral modifié en offrant la couronne d'abord à Marie II Stuart. Mais celle-ci refusa, ne se sentant pas capable de gouverner seule et de mener à bien ce coup d'État. La couronne fut donc offerte conjointement à Guillaume et à Marie.

Pour accéder au trône, Guillaume et Marie signèrent la "Déclaration des droits" en 1689. Ce document constitutionnel garantissait un certain partage du pouvoir avec le Parlement, préservait les libertés individuelles et ne plaçait aucun individu au-dessus de la loi. Ainsi s'achevait une "Glorieuse révolution" qui ouvrait un nouveau chapitre dans l'histoire politique de la Grande-Bretagne.





Extraits de la Déclaration des droits

Attendu qu'assemblés à Westminster, les lords spirituels et temporels et les Communes représentant légalement, pleinement et librement toutes les classes du peuple de ce royaume ont fait, le 30 février de l'an de N.-S. 1688, en la présence de Leurs Majestés, alors désignées et connues sous les noms de Guillaume et Marie, prince et princesse d'Orange, une déclaration par écrit, dans les termes suivants :

[... ] Considérant que l'abdication du ci-devant Jacques Il avant rendu le trône vacant, Son Altesse le prince d'Orange (dont il a plu à Dieu Tout-Puissant de faire le glorieux instrument qui devait délivrer ce royaume du papisme et du pouvoir arbitraire) a fait par l'avis des lords spirituels et temporels et de plusieurs personnes notables des Communes, adresser des lettres aux lords spirituels et temporels protestants et d'autres lettres aux différents comtés, cités, universités, bourgs et aux cinq ports pour qu'ils eussent à choisir des individus capables de les représenter dans le Parlement qui devait être assemblé et siéger à Westminster le 22e jour de janvier 1688, aux fins d'aviser à ce que la religion, les lois et les libertés ne pussent plus désormais être en danger d'être renversées ; qu'en vertu desdites lettres les élections ont été faites ;

Dans ces circonstances, lesdits lords spirituels et temporels et les Communes, aujourd'hui assemblés en vertu de leurs lettres et élections, constituant ensemble la représentation pleine et libre de la Nation et considérant gravement les meilleurs moyens d'atteindre le but susdit, déclarent d'abord (comme leurs ancêtres ont toujours fait en pareil cas), pour assurer leurs anciens droits et libertés :

1e Que le prétendu pouvoir de l'autorité royale de suspendre les lois ou l'exécution des lois sans le consentement du Parlement est illégal ;

2e Que le prétendu pouvoir de l'autorité royale de dispenser des lois ou de l'exécution des lois, comme il a été usurpé et exercé par le passé, est illégal ;

3e Que la Commission avant érigé la ci-devant Cour des commissaires pour les causes ecclésiastiques, et toutes autres commissions et cours de même nature, sont illégales et pernicieuses;

4e Qu'une levée d'argent pour la Couronne ou à son usage, sous prétexte de prérogative, sans le consentement du Parlement, pour un temps plus long et d'une manière autre qu'elle n'est ou ne sera consentie par le Parlement est illégale ;

5e Que c'est un droit des sujets de présenter des pétitions au Roi et que tous emprisonnements et poursuites à raison de ces pétitionnements sont illégaux ;

6e Que la levée et l'entretien d'une armée dans le royaume, en temps de paix, sans le consentement du Parlement, est contraire à la loi.
(...)





Pour poursuivre, veuillez choisir la section désirée au haut de la page.


Dernière mise à jour : 5 septembre 2022
Création et mise en page par : Danny Bertrand
Textes par : Sylvie Perrier